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Pro ou occasionnelle ?

Suite à la proposition de ma collègue Cameron, je me lance à donner ma propre perception de la chose…

D’où vient cette question ? Eh bien, des clients eux-mêmes en fait… tu es pro ou occasionnelle ?

 

Jusqu’à il y a peu (2 ou 3 mois je dirais), je répondais toujours que j’étais occasionnelle, parce que je me voyais comme telle, et pourtant, entre mes débuts (il y a 6 ans), et maintenant, beaucoup de choses ont changé.

 

Mais alors, c’est quoi la différence ?

 

Je vous le dis tout de suite, je vais être incapable de vous proposer une définition universelle du terme parce qu’en fait, ça dépend de quels critères on prend en compte. Le nombre de clients ? La régularité des rencontres ? Le nombre de rencontres dans le mois ? Dans la journée ? En moyenne sur l’année ? Les montants gagnés ? Le temps consacré ?

 

Dans la tête de beaucoup de clients, une occasionnelle, c’est un mélange fantasmatique de la fille qui fait ça « pour le plaisir », pas souvent, et pour pas cher… en gros. On imagine facilement qu’une occasionnelle le fait par amour du sexe, et une pro par pure vénalité. A propos de femme vénale, j’en ferai très certainement un article bientôt, car j’ai beaucoup de choses à dire là-dessus… Mais continuons sur notre sujet.

 

Contrairement à l’imaginaire fantasmatique, la réalité est plus prosaïque : il y a des occasionnelles qui le font par pur besoin pécunier… Cela ne veut pourtant pas dire qu’elles n’y prennent pas aussi du plaisir, mais en tous cas ça n’assure pas qu’elles le font par goût du sexe. Occasionnelle ne signifie pas nécessairement « allier l’utile à l’agréable », même si cela est le cas pour certain.e.s.

Il y a aussi des professionnelles qui adorent leur métier, qui adorent le sexe (c’est mon cas), et d’autres pour qui c'est une activité rémunératrice présentant plus d'avantages qu'une autre, ou plus accessible qu'une autre.

 

Donc on retrouve dans les deux catégories, occasionnelles comme pro, des personnes qui aiment ou n’aiment pas leur travail, des personnes qui ont d’autres activités qui leur prennent plus de temps que l’escorting, mais selon les personnes, les critères pour considérer l’escorting comme activité principale changent : temps passé, argent gagné, etc. Bref, les définitions sont propres à chacun.e, c’est la raison pour laquelle je pense sincèrement qu’il n’existe pas de réelle différence objective entre quelqu’un qui se dit pro et une autre qui se dit occasionnelle.

 

Voici ma définition, qui est basée sur ma propre expérience :

 

au début, je faisais de l’escorting de manière « occasionnelle », dans le sens où c’était très irrégulier : parfois j’avais beaucoup de clients, parfois pas du tout, je faisais des pauses de plusieurs mois, je ne vivais pas du tout de cet argent c’était un plus pour le quotidien, du beurre dans les épinards, je ne voulais pas en dépendre, je ne voulais pas me sentir « obligée » d’avoir des clients. Puis, à partir du moment où j’ai compris que c’était une activité qui me convenait vraiment bien, pour tout un tas de raisons, je suis devenue plus « pro ». J’ai réfléchi à comment présenter les choses « mieux » sur mon site, faire mieux transparaître ma personnalité, ce qui fait ma spécificité, mon caractère, ma manière d’être et ainsi avoir les clients qui me correspondent, j’ai aussi créé ma micro-entreprise, et j’ai commencé à travailler plus régulièrement, et enfin de puis quelques mois, à recevoir chez moi.

 

Pour autant, j’ai continué encore un moment à me considérer comme occasionnelle parce qu’en moyenne, je rencontre peu de clients, bien moins que ce que le commun des mortels associe à une escort-girl « professionnelle », et même moins que certaines de mes amies qui ont plein d'amants (gratuits). Dans l’imaginaire collectif, une prostituée à « plein temps », gagne des sommes astronomiques. Mais c’est faux, il y a de tout, comme chez les comédiens disons. Certains sont très connus, tournent dans de très nombreux films et gagnent des millions, mais la très très grande majorité gagne un salaire tout ce qu’il y a de plus commun. Chez les escorts, c’est la même chose. Donc pro ne signifie pas enchaîner les clients toute la journée, loin s’en faut. Pour ma part, je rencontre peu car je souhaite avoir aussi du temps pour tous mes autres projets.

 

Je suis donc une professionnelle, parce que c’est mon activité principale, que j’en vis, et que je considère que c’est mon métier actuellement. Pour autant, je n’y mets pas moins d’ardeur que lorsque j’étais occasionnelle, je dirais même que je suis plus douée qu’au début, parce que j’ai acquis de l’expérience, comme dans tout métier, que ma capacité d’adaptation au client s’est affinée, etc. et je n’y prends absolument pas moins de plaisir. Au contraire. Plus j’ai des relations sexuelles, plus ma libido est présente et riche :p

 

Je considère que le professionalisme est aussi une qualité, indépendamment du terme sous lequel on exerce, une garantie que le cadre est bien défini. Je ne souhaite pas, et n’ai jamais souhaité, trouver mes partenaires dans le cadre de relations tarifées. De la même manière qu’une fleuriste ne va pas prendre pour amant chacun de ses clients avec qui elle a un bon relationnel, une escort-girl ne va pas non plus voir gratuitement les clients avec lesquels elle s'amuse bien, ce serait se couper l'herbe sous le pied. Sans les clients avec qui je m'éclate au lit et/ou que j'apprécie pour ce qu'on partage ensemble, mon métier serait bien triste !

 

Je pense que le côté pro, c’est la capacité à établir une limite, grâce notamment au contrat clairement énoncé, qui différencie une prestation d’une relation amoureuse, mais qui n’empêche absolument pas de partager de la complicité et énormément de tendresse en ce qui me concerne…

En effet il y a toujours des personnes avec qui on a une relation un peu plus privilégiée, parce que nous sommes des humains, et que dans un métier comme dans la vie, certaines personnes notamment celles que l’on revoit souvent, ou qui sont attentionnées, avec qui on partage des bouts de nos vies, nous touchent plus particulièrement. Comme c'était le cas quand j'étais serveuse en restauration. Pour autant, le client payait quand même son repas ;)

 

Je dirais, pour conclure, qu’être occasionnelle ou pro ne dit rien de la qualité ni de la teneur des prestations de l’escort-girl, encore moins de son mode de vie, mais parle plutôt de la manière dont celle-ci se rapporte à sa propre activité, de comment elle se voit et de ce qu’elle souhaite que l’on voie d’elle.